Les amis des Chrétiens dans le monde rural (CMR) me signalent avoir participé à une tribune récemment publié dans le Parisien, intitulée, « La plateforme Pour une autre PAC », qui appelle à une réorientation en profondeur des politiques européennes dans ce domaine.
Il y a quelques jours, le collectif d’associations dont le CMR se sont rassemblés devant le Parlement européen, au moment où le nouveau candidat à la fonction de commissaire européen à l’agriculture va être auditionné. Il faut rappeler que Janusz Wojciechowski a un bilan contrasté dans son engagement européen : plutôt ouvert à un modèle d’agriculture familiale lors de son passage à la Cour des comptes, il fait aussi partie d’un groupe pas très proeuropéen, et aux ambitions écologiques limitées. Derrière ce personnage, c’est la politique agricole commune européenne qui doit être profondément réformée pour permettre des convergences désormais nécessaire entre l’alimentation, le monde agricole, la santé, la protection de l’environnement. Pas simple quand le modèle ultra libéral reste très présent…
Le CMR explique la raison de son engagement dans ce domaine
Aujourd’hui en Europe, les campagnes sont dans l’impasse du modèle productiviste. Au lieu d’être nourricière, l’agriculture est majoritairement organisée comme une industrie : productions uniformisées niant la diversité des territoires, concurrence internationale exacerbée, chimie de synthèse et mécanisation systématisées, négation de la sensibilité et des besoins des animaux, obsession quantitative et non qualitative… Les feux de cet été en Amazonie, liés notamment à nos importations de soja, ont rappelé les conséquences écologiques folles de cette course au moindre coût économique.Ce faisant, l’agriculture industrielle a significativement appauvri les savoir-faire locaux des paysans, ignoré le bien-être animal, dégradé la biodiversité, altéré la fertilité du sol et contribué à la crise climatique. Le modèle productiviste a un temps fait illusion mais aujourd’hui les rendements et les revenus des paysans sont à la baisse. L’impasse est totale : environnementale, sociale, sanitaire, culturelle et éthique.En soutenant ce modèle, la PAC nous mène à l’échec. Aujourd’hui, elle incite les agriculteurs à produire plus, sur des surfaces toujours plus grandes, pour une rentabilité toujours plus faible : nombre d’entre eux ne s’y retrouvent plus et ne s’en sortent pas. En parallèle, soutenant des « fleurons » de l’agroalimentaire avec l’argent public, la PAC contribue aux prix artificiellement bas de nos exportations dans les pays du Sud dont elle sape l’agriculture vivrière, tout en ralentissant l’essor d’alternatives justes, saines et durables chez nous. La PAC est en cours de réforme. Celle-ci doit être radicale pour sortir de l’impasse ! Pour une autre PAC propose d’utiliser les milliards d’euros de la PAC pour une transition effective de l’agriculture européenne. En moins de dix ans, nous pouvons accompagner tous les producteurs vers l’agroécologie paysanne, notamment via l’agriculture biologique. C’est possible et indispensable ! Cela rétablira aussi la confiance entre paysans et consommateurs.