Pax Christi France organise durant le WE du 1er mai une belle rencontre à Souvigny autour d’un programme évoquant les enjeux liés à la paix et à l’écologie.
Pour les 76 ans de l’association (initialement les 75), Pax Christi vous propose de vivre 2 après-midi de conférences sur le thème de l’écologie intégrale. Ainsi, les 30 avril et 1 et mai prochain venez écouter et partager des moments privilégiés avec nos intervenants en compagnie de notre président Mgr Hubert Herbreteau.
Pour s’inscrire et participer par visio c’est par ici
Voici le programme de ces 3 jours

Occasion aussi de rappeler que Pax Christi France poursuit ses webinaires Laudato si. Dernier en date, le 15 avril dernier, rencontre avec Jean Michel Dijan, journaliste et universitaire, auteur d’un livre sur Ivan Illich, « l’homme qui a ouvert l’avenir ». L’aumonier de Pax Christi France nous en fait un résumé ici
Cet ouvrage fut une merveilleuse occasion pour nous, Pax Christi, de l’inviter à parler d’Ivan Illich qu’il a connu, mais aussi de l’homme penseur, de l’auteur engagé et de l’animateur qui a pendant plus de dix ans occupé le monde intellectuel et média-tique de notre planète. Ivan Illich, élève de Jacques Maritain, féru de la connaissance de l’histoire, fut un cri-tique de la société civile et de l’Eglise de son temps. Ce-pendant, ce fut aussi un visionnaire. Comme le montre le livre de J-M. Djian, Ivan Illich n’était pas un homme du passé ou un homme oublié. Non, il fut bel et bien un homme d’actualité. En effet, dans ces temps de crise, «les idées d’Ivan Illich vont prendre un nouveau relief» dit Edgar Morin, dans le texte de la 4e de couverture du livre de J-M Djian. Hervé Legrand, théologien dominicain bien connu, nous rappelle l’actualité d’Ivan Illich dans un article écrit dans la revue de Recherches de Sciences Religieuses (RSR), dans lequel il dit: «Ivan Illich avait prévu, il y a déjà cinquante ans, l’actuelle disparitions du clergé qui affecte l’Eglise en Europe. […]Toutefois, avec clair-voyance, il créditait ‘la théologie la plus traditionnelle’ de pouvoir surmonter cette impasse, due à la faiblesse de la théologie courante à l’époque». Il y indique aussi les solutions envisagées par Ivan Illich.
L’engagement d’Ivan Illich et son envie de changer le monde se sont manifestés très tôt. Après ses études à Florence puis à Rome, son investissement tant pastoral que social commencera auprès des Portoricains de New York. C’est en effet en découvrant la misère et l’exclusion sociale de leur quotidien, qu’il va décider de s’impliquer afin de leur rendre visibilité et dignité. Son engagement le conduira par la suite à devenir vice-recteur de l’Université catholique de Porto Rico. Et, en tant que vice-recteur, il se consacrera pleinement à l’éducation de la population. Durant cette période, il dénoncera aussi l’ingérence de l’Eglise dans les élections de Porto Rico, car il était convaincu «que l’Eglise doit toujours con-damner l’injustice à la lumière de l’Evangile, mais n’a jamais le droit de parler en faveur d’un parti politique spécifique». Fort de sa foi chrétienne, il critiquera la pratique de l’Eglise qui se met elle-même en danger en s’alliant à l’Etat ou aux partis politiques. Cette critique provoquera sa marginalisation de la part de l’Eglise et de la société civile. Il quittera Porto Rico et il voyagera à travers les Tropiques. Ces voyages vont lui permettre de rencontrer de grands personnages tels que Carlo Carretto, Dom Hélder Camara ou Paulo Freire. Ce fut pour lui, une préparation exceptionnelle pour la nouvelle étape de sa vie: le travail à Cuernavaca au Mexique.
En 1960, il s’installera dans cette ville et formera ce qui deviendra le Centre interculturel d’information et de documentation (CIDOC), puis plus tard, le Centre d’investigation culturelle (CIC). En 1961, à Petrópo-lis (Brésil), il fondera le Centre de formation interculturelle (CENFI). Ces différents centres seront con-trôlés par le Centre interculturel de formation (CIF). La vocation de ce celui-ci est de «former les futurs volontaires du développement sous le bienveillant patronage de l’université Fordham de New York» […] et «accomplir sa vocation de former des ‘missionnaires’ rebelles, à l’abri de la vindicte et des complots qui ne manqueront pas de surgir». Ce centre de Cuernavaca va devenir au fil des années, une référence, un lieu de réflexion sur tous les aspects de la vie de la société et de l’Eglise. Sa formation non conventionnelle va attirer les femmes et les hommes du monde entier. Ce fut sans compter les revue Esprit et Le Nouvel observateur qui furent souvent la vitrine des idées d’Illich. La maison d’édition Seuil quant à elle, publiera les livres d’Ivan Illich qui trouveront un écho favorable dans le milieu intellectuel des années 1970. Les livres (les pamphlets, comme on les appelle souvent) d’Illich ont mis en lumière l’idée que le progrès (industriel, économique) glorifié par les sociétés de consommation a conduit le monde et les sociétés vers une catastrophe sociale, économique et écologique. Dans sa conférence à l’UNESCO en 1973, Ivan Illich dit: «La crise de l’environnement nous offre une chance de nous réveiller et de rompre le cauchemar alchimiste…».
Les livres d’Ivan Illich: Libérer l’Avenir. Appel à une révolution des institutions, Une société sans école, Energie et équité, La convivialité, Némésis médicale, etc… sont tous une invitation à changer notre manière d’agir et de vivre pour éviter les catastrophes écologiques. Quand on lit Ivan Illich aujourd’hui, on devient conscient qu’il parlait déjà, il y a cinquante ans, de l’écologie intégrale, du problème de la violence, des armes nucléaires, ces thèmes si chers au pape François et développés dans ses deux encycliques Laudato si’ et Fratelli tutti. Il n’est pas exclu que le pape François ait lu et médité les livres d’Ivan Illich… Avec Jean-Michel Djian nous avons eu l’occasion de faire connaissance avec le libre et brillant esprit d’un homme visionnaire qui nous dit encore aujourd’hui com-ment diminuer le nombre des catastrophes que nous provoquons que ce soit par notre manière de vivre ou par notre comportement envers l’environnement et notre Terre.