Jérôme, qui est engagé dans la Société Saint Vincent de Paul à Paris, nous fait une intéressante proposition pour unifier la démarche et le témoignage chrétien dans les mois à venir.
Et si on profitait des mois de l’automne pour mettre en place un vrai « trimestre écologique et fraternel » ? Voici la proposition de Jérôme : « Un trimestre écologique et fraternel de septembre à novembre pour unifier dans un arc, ou une arche, théologique et liturgique, diverses journées mondiales, moments liturgiques et fêtes de saints, en prenant appui sur les deux piliers que sont les encycliques Laudato Si et Fratelli tutti. »
Les deux dernières encycliques du pape François, Laudato Si, « sur la sauvegarde de la maison commune » du 24 mai 2015, et Fratelli tutti, « sur la fraternité et l’amitié sociale » du 3 octobre 2020, nous invitent à retrouver les racines de notre vie commune sur cette terre pour une écologie intégrale et un monde de justice, de paix et de fraternité, riche de sa diversité d’êtres vivants et d’êtres humains. Or l’Eglise nous propose, pendant le trimestre qui s’étend du début du mois de septembre à la mi-novembre, plusieurs rendez-vous en termes de journées mondiales, de fêtes commémoratives et de liturgie qui s’inscrivent pleinement dans cette perspective écologique et fraternelle.
- La Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création le 1er septembre ouvre le Temps de la Création jusqu’au 4 octobre, jour de la fête de Saint François d’Assise.
- La Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, désormais fixée le dernier dimanche de septembre, nous rappelle notre solidarité universelle avec les migrants qu’il s’agit d’accueillir, de protéger, de promouvoir et d’intégrer.
- Le mois de septembre est riche de commémorations de grandes figures qui ont servi le Christ dans le corps du plus pauvre : Sainte Mère Térésa, “icône du Bon Samaritain“, le 5 septembre, Saint Pierre Claver, “esclave des Nègres pour toujours“, le 9 septembre, le Bienheureux Frédéric Ozanam, fondateur de la Société de Saint Vincent de Paul, le 9 septembre, et Saint Vincent-de-Paul, “apôtre de la charité“, le 27 septembre.
- La Journée Mondiale des Missions, à la mi-octobre, invite les catholiques du monde entier à se mobiliser pour les jeunes Églises, et nous rappelle que l’annonce de l’évangile est ouverte à toutes les cultures.
- La Toussaint le 1er novembre honore tous les saints, connus et inconnus, toutes les personnes, canonisées ou non, qui ont été sanctifiées par l’exercice de la charité, l’accueil de la miséricorde et le don de la grâce divine.
- La Journée Mondiale des Pauvres, instituée par le pape François le 33e dimanche du temps ordinaire à la mi-novembre, veut redonner la première place aux pauvres qui nous évangélisent.
- La fête du Christ-Roi de l’Univers fin novembre, où l’on lit, pendant l’année A, l’évangile du Jugement Dernier (Mt 25, 31-46), remet au premier plan les œuvres de miséricorde en leur conférant une dimension eschatologique.
Ce trimestre clôt notre année liturgique en s’insérant entre le temps ordinaire de l’été et le temps de l’Avent de l’année suivante. Il décrit une sorte d’arc-en-ciel comme celui qui illumina l’arche après le déluge, signe d’une alliance de Dieu avec toute sa Création représentée par les couples de toutes les espèces d’animaux et par la famille humaine de Noé. Il donne toute son amplitude à l’écologie intégrale conjuguée à la fraternité universelle en commençant par la Journée pour la Prière pour la Création, en se poursuivant par la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, la Journée Mondiale des Missions et la Journée Mondiale des Pauvres, et en se terminant par la fête du Christ-Roi de l’Univers. Cependant, les sollicitations nombreuses des paroisses pendant la période de rentrée de scolaire (reprise du catéchisme et des aumôneries, relance de la pastorale et des divers groupes paroissiaux) font que peu d’entre elles, voire aucune, n’a la possibilité de célébrer pleinement tous ces moments proposés par l’Eglise, ce qui occulte leur unité sous-jacente. Il serait donc non seulement pertinent mais surtout enrichissant pour la vie de nos diverses communautés paroissiales de réunifier ce dernier trimestre de l’année liturgique sous le signe et l’arche de l’écologie intégrale et de la fraternité universelle en s’appuyant sur les deux piliers que sont les deux encycliques Laudato Si et Fratelli tutti. Concrètement cette unification pourrait mieux se réaliser à l’échelle d’un doyenné, d’un groupe de paroisses, en favorisant une répartition entre les paroisses de célébrations spécifiques de ses différents moments, en particulier les diverses Journées Mondiales. Ce serait aussi une occasion pour les paroisses de s’inviter mutuellement. L’inauguration de la Maison Bakhita le 25 septembre 2021, la veille de la 107e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié sera une occasion de promouvoir cette vision intégrée de notre trimestre écologique et fraternel.
Je profite de la réflexion de Jérôme pour témoigner qu’il est possible de vivre autrement la dynamique de l’année communautaire. Dans la communauté chrétienne où je suis, nous avons fait le choix depuis plusieurs années, de construire notre année sur le calendrier liturgique. Autrement dit, la rentrée communautaire à lieu en décembre lors du premier dimanche de l’Avent. Il s’agit simplement de remettre en cause l’idée que le calendrier scolaire et le rythme des enfants s’imposerait sur celui de la communauté.. on perd du coup toute la tension liturgique au profit d’une simple logique de fonctionnement… en décalant ainsi les choses, on se rend compte que le trimestre de l’année est, au retour des vacances, l’occasion de faire attention à l’accueil, à l’écoute des uns et des autres, avant de redémarrer en décembre la projet collectif… Du coup, les responsables sont appelés pour une année liturgique, de décembre à décembre, ce qui change là aussi la donne…