
L’ami Marcel, m’écrit de Yaoundé, où en tant que enseignant d’écotheologie à l’Université Protestante d’Afrique Centrale et coordinateur de la toile des Eglises Vertes en Afrique (TEVA), il soutient différents projets. Occasion de découvrir sa réflexion sur les déchets de verre dans son pays.
« C’est ma manière de lutter contre « la culture du déchet » en Afrique », précise t-il, en invitant à venir visiter le musée Zéro déchets Heineken, sur le campus de l’université protestante d’Afrique centrale, à Yaoundé.
Extraits de son texte de présentation
Le projet «Zéro Déchet –Heineken en Afrique» (ZDHA): alternatif contre la «culture du déchet»
Si nous prenons le cas des emballages en verre creux, en Afrique, des centaines de millions de bouteilles en verre hors d’usage sont générées surtout par les usines hors-Afrique et éparpillées dans la nature. Si nous prenons les chiffres disponibles à la douane du Cameroun, entre 2010 et 2011 par exemple, le Cameroun a importé 11 millions de litres d’alcool pour une valeur d’environ 2,6 milliards de FCFA. Quant il faut parler des provenances, 43,69% des vins et spiritueux consommés au Cameroun proviennent de France, 9,64% d’Espagne, 9,59% du Royaume Uni, 8,34% du Brésil et 7,34% d’Afrique du Sud.
Selon la révélation faite le jeudi 14 mars 2013, à Douala par l’Union des grands crus de Bordeaux, le Cameroun importe par an 11.000 hectolitres de vin Bordeaux, pour une valeur de 4 millions d’euros, un peu plus de 2,6 milliards FCfA. Cette quantité ne contient pas les vins entrant frauduleusement sur le territoire camerounais et les bières dont les bouteilles ne sont pas récupérées encore moins recyclées, tel est le cas des bières du groupe Heineken, Bavaria.
(…) Comme conséquence, au Cameroun, parmi tous les déchets qui fond déborder les décharges, les bouteilles en verre usagées font partie des polluants les plus encombrants. Ces bouteilles hors d’usage abandonnés dans l’environnement ou entreposés dans des dépotoirs favorisent la prolifération de plusieurs espèces de moustiques. En plus, les tessons dispersés ici et là, causent pas mal de dégâts aux agriculteurs et aux piétons. Face à cette situation une question se pose: Que devons-nous faire? Ou encre: Que dois-je faire? Quelles options de gestion durable peut–on développer en contexte africain face à l’énorme quantité des bouteilles en verre hors usage ? Est-il possible de valoriser ce type de déchet malgré la complexité du contexte africain?
Et voici donc la perspective que propose Marcel. En reprenant une initiative … du petit fils du fondateur des bières Heineken lui-même.
Dans les années 1960, Alfred «Freddy» Heineken, le petit-fils de Gérard Adriaan Heineken, créateur de la célèbre marque de bière, avait décidé d’utiliser les contenants de sa pétillante cervoise pour construire des maisons dans les zones défavorisées. C’est le blog Food & Think du Smithsonian Magazine qui nous raconte l’histoire.
L’idée avait germée dans l’esprit de Freddy Heineken alors directeur de la société familiale, lors d’un voyage dans l’ile de Curaçao dans les Caraïbes découvrant qu’il ne pouvait pas marcher cinq mètres sur la plage sans trébucher sur une bouteille de Heineken, et consterné pas le manque d’infrastructures de recyclage ainsi que l’absence de bons matériaux de construction dans les quartiers pauvres, l’homme d’affaire imagina de créer une brique qui contiendrait de la bière ( ou une bouteille en forme de brique, si vous voulez) Celle-ci servirait ensuite à ériger des habitations pour les personne défavorisées. Les bouteilles devaient pouvoir s’encastrer les unes dans les autres afin de pouvoir être superposées et fixées avec du mortier et du ciment.
Selon l’information que nous trouvons dans Packaging Prototypes3:Thinking Green, nous lisons: de retour aux Pays-bas, Alfred décida de construire la première bouteille conçue spécifiquement pour une utilisation secondaire comme un élément de construction, transformant ainsi la fonction de l’emballage. Avec cette philosophie, Alfred Heineken voyait sa bière comme un produit utile à même de remplir une brique envoyée à l’étranger. Il s’agissait plus du design d’une brique que de celui d’une bouteille.Deux prototypes de Heineken World Bottle ou WOBO furent dessinés en collaboration avec l’architecte John Habraken, rapporte le Smithsonian Magazine.
Une maison prototype en verre fut construite en 1965, près de la villa d’Alfred Heineken, près d’Amsterdam.

Finalement Alfred Heineken ne donna pas suite à ce projet qui avait pourtant le mérite de permettre à des personnes de faibles ressources de se construire eux-mêmes leur propre habitat avec des matériaux disponibles sur place. Aujourd’hui, certains ont commencé à construire des maisons en bouteilles plastiques, d’autres encore, en bouteille en verre. Néanmoins, il n’est pas aisé d’établir un lien entre ces constructions et l’idée qu’avait Alfred Heineken.
Car derrière cette « bonne » idée, il reste bien des incertitudes :
- le prix de la bouteille (verre plus épais nécessaire) pour une bière qui est déjà chère à l’exportation.
- les difficultés techniques (bouteille plate pour les poser les unes sur les autres, éviter les ponts thermiques, gestion des coins, isolation thermique)
Merci à Marcel pour le rappel de cette belle idée !
Mais maintenant que le temps presse en terme d’économie de matériaux et d’énergie, des pays africains pourraient de liguer pour exiger des modèles standard de bouteilles (25 ou 33 ou 75cl) et comme beaucoup de bierre sont fabriquées sur place par des grands groupes brasseurs, mettre en place collecte, lavage et ré-emploi de ces bouteilles, pour des bierres fabriquées localement, consignée ou non ! Il faut faire le forcing pour le ré-emploi, encore plus vital en Afrique qu’en Europe !