
Coorganisée par le Portugal et le Kenya la 2e conférence internationale sur la protection des océans s’est déroulée fin juin 2022, sous l’égide de l’ONU. A cette occasion des responsables chrétiens ont demandé une protection immédiate des eaux continentales en OCéanie.
L’archevêque fidjien Peter Loy Chong a pariticipé à la rencontre, représentant les populations locales d’Océanie, et notamment les communautés catholiques. Pour le président de la Fédération des Conférences épiscopales catholiques d’Océanie (FCECO), « la crise écologique se produit en raison d’une crise intérieure », en l’occurrence un rapport faussé au monde et à l’humain, essentiellement corrompu par le pouvoir et l’argent. Pour opérer ce changement, le cœur doit être touché par le déploiement d’un nouveau « langage spirituel, symbolique, artistique» sur ces sujets.
Car rien n’est mois symbolique pour ces 16 Etats océaniens et leurs 25 000 îles que le dérèglement climatique qui impacte déjà leurs territoires, du fait de l’élévation du niveau de la mer, de l’érosion, de l’acidification des eaux, du blanchissement des coraux etc.
Mgr Peter Chong avait déjà lancé son cri au cours du Synode sur l’Amazonie auquel il avait participé, demandant maintenant de prendre la mesure de la nécessité de sauvegarder la vie marine et ses nombreux écosystèmes.
Il y a quelques années, Mgr Chong avait déjà lancé un cri dans un entretien à l’Aide à l’Eglise en détresse (AED) dont voici un extrait :
Certaines personnes ont du mal à comprendre le rôle de l’Église dans ce domaine. N’est-ce pas plutôt un problème économique ou politique ?
J’estime qu’il y a deux domaines dans lesquels l’Église joue un rôle important. Premièrement, ce problème affecte le cœur même de notre vie et de notre foi : la création est un cadeau et une responsabilité que Dieu nous a confiée. Et nous devons nous demander si notre manière d’assumer cette responsabilité est la bonne ou non. Deuxièmement, en tant que pasteur, comment puis-je consoler, accompagner la souffrance que je perçois dans mon peuple ? Leurs cris, leur douleur me font penser aux psaumes de l’Ancien Testament et à la façon dont ils invoquent Dieu à entendre le cri de Son peuple. Par exemple, dans le psaume 12 (13), où nous prions « Jusqu’à quand, Seigneur, m’oublieras-tu sans cesse ? Jusqu’à quand me cacheras-tu ta face? ». Notre foi nous enseigne à transformer nos souffrances et nos angoisses en prières, pour que Dieu entende le cri de mon peuple. Il ne s’agit pas simplement d’une question extérieure, économique ou politique. C’est une question de respect pour Dieu et pour Sa création et pour soulager la douleur de ceux qui souffrent.
Comment vivre la « conversion écologique » dont parle le pape François ?
Le Saint-Père parle de conversion et je crois que cela nous concerne tous, tant au niveau international que national. Nos îles sont dévastées, nos rivières polluées, nos arbres abattus. Le résultat est que les poissons disparaissent de nos côtes, ils se déplacent de plusieurs kilomètres et cela se répercute sur le mode de vie des gens ordinaires, car il leur faut à présent des bateaux pour sortir en mer et pêcher, ce qui coûte de l’argent. En d’autres termes, la conversion dont nous parlons doit avoir lieu à l’échelon local. Mais en plus, une conversion des cœurs s’impose. La conversion écologique ne se déroule pas de manière isolée, la conversion doit aussi être quelque chose d’intérieur, qui survient au cœur de chaque individu. Il doit y avoir un rapprochement avec Dieu, le respect de Sa création, un esprit de solidarité et de générosité envers tous ceux, même s’ils sont géographiquement éloignés, qui restent nos frères en Dieu et souffrent terriblement. Mon peuple pleure ; qui va sécher ses larmes ?
Avant la rencontre au Portugal, de nombreux groupes de catholiques en Afrique et Océanie se sont mobilisés et rencontrés pour faire pression. Beaucoup étaient aussi présents à Lisbonne. Différents groupes ont ainsi proposé des groupes de discussion sur le modèle des Talanoa, une forme de communication plus inclusive provenant de Pacifique et qui part des expériences de la base pour élaborer un consensus. Occasion d’entendre des histoires personnelles et communautaires soulignant le lien vital de nombreuses communautés à la mer. Différents autres acteurs ont rappelé aussi la mobilisation en cours autour des enjeux de la biodiversité. Des réseaux chrétiens sont ainsi très actifs pour rappeler la nécessité de défendre le bassin du Congo et les grands lacs africains.
A NOTER
Parmi les initiatives prises pendant cette conférence, notons que 100 pays ont rejoint une coalition dite 30×30 préconisant de réserver 30% de la surface terrestre et océanique de la planète à des zones protégées d’ici 2030 (soit 3 x plus qu’actuellement), a annoncé le ministre britannique Zac Goldsmith. Cette initiative pourrait être la pierre angulaire d’un traité qui devrait être finalisé lors du sommet des Nations unies sur la biodiversité qui se tiendra en décembre à Montréal. Plus de la moitié des zones marines nouvellement protégées seront des zones interdites à la pêche, à l’exploitation minière, au forage ou à d’autres activités extractives, a-t-il précisé.
Source : Vaticannews / AFP / ONU / Brian Roewe (NCR)
Source : Claire Riobé – Cité du Vatican / vaticannews.va