COP27 – Des réactions et des prières

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Alors que les « parties » des pays du monde se rassemblent en Egypte pour la COP27, diverses réactions de réseaux chrétiens sont à noter. Petite sélection subjective.

D’abord celle des amis de l’association protestante A Rocha, en lien avec une autre association de solidarité (Le Sel), avec le soutien du CNEF, proposent des intentions de prière et publient cet appel

A l’occasion de la COP27 qui se tient en ce moment en Egypte jusqu’au 18 novembre, A Rocha et le SEL ont co-écrit, avec le soutien du CNEF :

APPEL A LA SOLIDARITE  EN FAVEUR DES PAYS LES PLUS VULNERABLES  A LA CRISE ENVIRONNEMENTALE  A L’OCCASION DE LA COP27

Courrier adressé à Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République. // La 27e conférence des parties (COP27) sur les changements climatiques se tiendra en Égypte du 6 au 18 novembre 2022. Un des enjeux principaux est d’apporter le soutien indispensable aux populations les plus vulnérables à ces changements, en particulier en Afrique subsaharienne. En effet, elles souffrent de manière disproportionnée des conséquences du réchauffement climatique alors qu’elles en sont les moins responsables, notamment car elles sont les moins émettrices de gaz à effet de serre, contrairement aux pays les plus riches. Puisque cette COP27 est cruciale pour beaucoup de ces pays, le SEL, organisation protestante de solidarité internationale, et A Rocha, organisation chrétienne de protection de l’environnement, veulent faire écho à leurs préoccupations auprès de ceux qui vont représenter la France à la COP27, et avec le soutien du CNEF, Conseil National des Évangéliques de France, dont ils sont membres. Nos partenaires locaux dans ces pays nous alertent sur les conséquences de cette crise qui risque par ailleurs de détruire de nombreux efforts faits pour réduire la pauvreté touchant des millions de personnes – ou pire encore d’accroître de manière importante la pauvreté déjà très présente chez eux. C’est donc au nom de notre foi en un Dieu qui a confié aux êtres humains la bonne gestion de sa création et qui nous appelle à aimer notre prochain, qu’avec nos partenaires locaux et avec l’appui du CNEF, nous voulons ouvrir la bouche au nom du Christ pour « défendre la cause du malheureux et du pauvre » (Proverbes 31.9).
Puisque vous représentez la France, architecte de l’Accord de Paris, pays riche et historiquement émetteur, nous voulons vous encourager à renforcer considérablement un réel engagement de notre pays en faveur des plus vulnérables gravement impactés par les changements climatiques, et à être aussi une voix influençant les autres pays dans ce sens au cours de la COP27 : en apportant les 100 milliards de dollars par an promis aux pays du Sud pour les aider à financer leur transition écologique et à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique, et sans pour autant diminuer les autres formes d’appui nécessaires à la réduction de la pauvreté ; en accélérant la mise en œuvre concrète de mesures, en France et dans le monde, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et protéger la biodiversité, de manière prioritaire, tout en accompagnant les plus pauvres, ici et là-bas, pour s’adapter à cette crise sans qu’ils n’en portent démesurément le fardeau. De notre côté, et en addition à toutes les autres initiatives allant dans la même direction pour la COP27, nous appelons aussi à un temps de prière le dimanche 13 novembre dans les lieux de culte de France et au travers de notre réseau. Nous poursuivrons également au-delà de la COP27 nos propres efforts aux côtés des plus démunis face à cette grave crise environnementale. Nous sommes bien conscients des nombreux autres défis qui existent, et que cette crise environnementale vient se rajouter à de multiples crises que traversent notre monde. Néanmoins, si les efforts réels ne sont pas rapidement à la hauteur de cette crise, elle risque d’en supplanter beaucoup d’autres.Signé par Rachel Calvert, pdt d’A Rocha, Marc Benner, pdt du SEL, Patrick Guiborat, DG du SEL, Jean François Mouhot, Dir d’A Rocha.

Du côté des Eglises de France, une lettre commune a aussi été envoyée aux autorités nationales

Adresse œcuménique à l’occasion de la COP27 sur le climat et de la COP15 sur la biodiversité. A Paris, le 28 octobre 2022

Un appel intéressant mais qui aura du mal à effacer l’incapacité de la conférence des évêques de France à publier le fruit de trois années de travail, lors de la rencontre de la CEF au printemps dernier.

Monsieur le Président de la République,

À la sortie d’un été où la morsure du bouleversement climatique a bousculé de nombreuses consciences et à la veille de COP onusiennes sur le climat et sur la biodiversité aux enjeux cruciaux, nous souhaitons contribuer à la mobilisation vers une transformation écologique ambitieuse et juste, en vous adressant l’interpellation des Églises chrétiennes de France.
Entendant la clameur de la Terre, celle des plus pauvres, mais aussi les cris des autres êtres vivants, nous nous réjouissons des perspectives que vous ouvrez lorsque vous promettez que l’écologie constituera votre « politique des politiques » et esquissez une « révolution écologique » assumant d’être « radicale ». Nous accueillons positivement l’attribution de la planification écologique à Matignon. Des éléments de la méthode de « France Nation verte » nous semblent prometteurs, dont notamment la logique de transversalité, l’implication de tous les acteurs et l’attention portée aux plus fragiles.
Cependant, nous craignons qu’au-delà d’une écologie reposant avant tout sur une approche technique, ces premiers pas ne prennent pas le chemin d’un véritable et nécessaire changement de paradigme, d’une mutation culturelle qui changerait notre rapport utilitaire à la nature, notre définition économiciste du progrès et notre compréhension matérialiste du bien-vivre.
L’enjeu est plus profond. Pour que l’influence aujourd’hui première de l’être humain sur son environnement, notamment sur le climat et la biosphère, puisse contribuer à préserver une Terre habitable, pour respecter l’accord de Paris et son objectif de rester sous les 1,5 °C de réchauffement, pour arrêter la sixième extinction de masse des espèces, une vraie « conversion » écologique est requise.
Si ce mot vient de l’Évangile, vous en saisirez l’esprit, qui parle à tous : changer de regard, retourner l’être, transformer le système et les modes de vie. S’il serait absurde de se priver de l’intelligence et de l’efficacité, il serait tout aussi vain de rester sourd au rappel à la finitude que nous adresse la nature avec le dépassement des limites planétaires. Nous devons embrasser la révolution de la sobriété.
Le Pape François, pour sa part, défend que « l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance » (LS 193). Le Conseil œcuménique des Églises, rassemblant plus de 580 millions de protestants, d’orthodoxes, d’anglicans et d’autres Églises au niveau mondial, appelle, de son côté, à l’« application d’indicateurs de prospérité et de bien-être alternatifs, qui prennent en compte l’intégralité des conditions économiques, sociales et écologiques »

Nous vous appelons à promouvoir la sobriété, non comme une pause exigée par le contexte géopolitique et une tension sur les ressources, mais comme une vision et une partie intégrale de la conversion, au visage vertueux, bénéfique et désirable. La sobriété est promesse de nouvelles abondances. En inventant, dans un mouvement libre, des formes de frugalité choisies, responsables et solidaires, qui commencent avec ceux dont l’empreinte écologique est la plus lourde, nous trouverons un enthousiasme fécond. Car savoir jouir des choses simples, ralentir, partager, rendre des espaces, du silence et la nuit aux plantes et aux animaux, en cela résident plus de créativité, plus de liens, plus de profondeur, plus de gratitude, plus de vivants, plus de beauté, et au total, plus de joie. La modération n’est pas l’autre nom de la frustration, mais la chance de nouveaux épanouissements. Plusieurs rendez-vous offriront à la France l’opportunité de faire ce pas historique. En vue de la COP27, nous soulignons que la meilleure adaptation est celle dont nous n’aurions pas besoin, car nous aurions baissé, à temps, les émissions de gaz à effet de serre. Or, la science nous rappelle que les objectifs nationaux et les trajectoires actuels demeurent insuffisants. Nous appelons à la rehausse de l’ambition et à la réalisation effective des objectifs. Pour les plus vulnérables, nous demandons l’atteinte et surtout le dépassement sans délai des 100 milliards de dollars annuels, promis il y a plus de dix ans déjà. Nous en appelons aussi à un engagement fort de la France à la COP15 sur la biodiversité. Elle doit faire date et relever le défi d’une urgence, alors que tous les indicateurs sont au rouge. Nous, Églises chrétiennes, sommes nous-mêmes en chemin. En cinq ans, 800 communautés ont adhéré au label œcuménique « Église verte » ; elles témoignent d’un engagement croissant, spirituel et concret. Une voie d’approfondissement, que nos communautés sont invitées à considérer sérieusement, est de désinvestir nos actifs financiers des énergies fossiles, pour les réinvestir dans des solutions d’avenir, en confiance et dans l’espérance que nous portons par notre foi en Jésus-Christ, pour l’humanité tout entière et l’ensemble du monde créé. Nous nous réjouirions de l’opportunité d’un dialogue à ces sujets. Dans cette attente, et espérant une bonne réception de ce texte, nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, Coprésident du CÉCEF. Conférence des Évêques de France / Le Pasteur Christian Krieger, Coprésident du CÉCEF, Fédération protestante de France / Le Métropolite Dimitrios, Coprésident du CÉCEF, Assemblée des évêques orthodoxes de France

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