
Du 5 au 10 février dernier, les évêques catholiques de l’Océanie se sont retrouvés à Suva, dans les îles Fidji. Occasion pour eux de rappeler l’impact du dérèglement climatique sur les territoires de cette partie du monde.
Le cardinal Soane Patitat Paini Mafi, originaire des îles Tonga, a d’emblée souligné l’importance de cette rencontre dans cette partie du Pacifique. Car là, lechangement climatique est clairement perceptible. La rencontre des évêques devait aborder le thème de la démarche synodale et celui de la formation pour la mission. Mais c’est le troisième, celui sur le soin pour les océans qui fut le plus marquant dans les débats. « La crise écologique est une menace existentielle pour nos populations et communautés », ont-ils conclu ensemble.
L’augmentation du niveau de la mer et l’intensification des tempêtes tropicales a déjà poussé de nombreuses communautés à changer de territoires. Deux sorties ont été organisées dans les Fidji pour prendre la mesure de ce phénomène. Le village de Togoru, avec son cimetière noyé sous les eaux de la mer et celui de Mau, impacté par la destruction de l’environnement du fait des activités minières ont ainsi été visités. « On peut lire toutes les statistiques, rappelle Suzanne Pascoe, un responsable locale, mais c’est en voyant de visu le visage des habitants marqués par le souci qu’on comprend ce qui se passe vraiment. Quand ils expriment leur souci pour l’avenir, cela vous touche au plus profond de vous. Cela vous remue au-delà de la compréhension intellecture. C’est votre système de valeurs et le coeur de vos croyances qui sont bouleversés. »
Plus tard, lors de la rencontre, ce sont des représentants des communautés locales qui sont venus à la rencontre des évêques pour leur présenter leurs musiques, leurs danses et leurs récits. « C’est le cri de nos îles océaniennes et leurs populations qui s’élève ici, explique le cardinal Mafi, pour que le monde entende et agisse. »
L’évêque néo-zélandais Michael Dooley a témoigné que la prise de conscience écologique grandit au sein des communautés catholiques, notamment depuis la publication de l’encyclique Laudato si en 2015. Le souci pour les océans a ainsi pu rejoindre le travail synodal en cours. Le F. Gerard Burns, archevêque de Wellington (NZ) a confirmé que beaucoup d’évêques peu sensibles auparavant à ces thématiques, sont de plus en plus attentifs suite aux évènements climatiques récents. C »est donc bien un approfondissement de la conversion écologique qui opère.
« Pensez que ce sont les pauvres qui souffrent le plus des conséquences des pollutions commises par des entreprises qui, par ailleurs sont aussi des employeurs, rappelle le cardinal jésuite Michael Czerny, responsable du dicastère pour la promotion du Développement humain intégral. UN pasteur est un pasteur pour tout le monde. Comment peut-il être un bon berger ? Comment naviguer dans ces eaux troubles ? Seulement un processus synodal peut nous aider à discerner et marcher ensemble ? »
Source : Art. Christopher White / Earthbeat / Traduction E&E