TEXTES – Catholiques – Conférence des Evêques de France

  • Environnement et écologie : Mgr Stenger plaide pour une solidarité radicale. 6 avril 2011
    Mercredi 6 avril, réunis à Lourdes en assemblée plénière, les évêques ont poursuivi leur réflexion sur le thème de l’environnent et de l’écologie sous l’angle théologique.

    Mgr Marc Stenger largeur Evoquant la semaine du développement durable (2 au 7 avril 2011 ), Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et président du groupe de travail sur « environnement et écologie » renverse les termes de la question : « Vouloir durer, c’est vouloir ne pas perdre », dit-il. « Il faut rompre avec cette logique et inventer un nouveau modèle social qui soit juste ». Aménager l’existant ne suffira pas, il faut une solidarité radicale notamment entre les pays du nord et ceux du sud car l’équilibre du monde est en jeu. Les événements tragiques du Japon ont montré que l’homme se heurte aux fragilités de ses constructions. La question qui se pose n’est pas de savoir s’il faut poursuivre la production d’énergie nucléaire mais plutôt pourquoi cette production, dans quel but ? L’Eglise propose aux hommes d’aujourd’hui d’entrer dans l’espérance en inventant de nouveaux modèles de société au lieu de s’enfermer dans la culpabilité. Pour cela, il faut repartir des fondamentaux. La bible est un trésor pour celui qui veut réfléchir aux relations entre l’homme et la création. Il faut aider l’homme à penser sa place dans le monde en prenant en compte les quatre liens qui l’unissent à la création : Dieu créateur, le monde, ses frères, les autres hommes et ses fils, les générations futures.

  • Extrait du discours de clôture de Mgr André Vingt-Trois, à l’occasion de l’assemblée plénière des Eveques de France, Novembre 2011 à Lourdes.

L’Écologie et l’environnement est un thème sur lequel nous travaillons depuis deux ans. Au cours de cette assemblée nous avons approfondi notre réflexion sur la responsabilité de l’homme à l’égard du monde dont il a reçu la gérance. Contrairement à certaines visions catastrophistes qui dépeignent l’homme comme le principal ennemi de la nature, nous vivons dans la confiance. Nous savons que les comportements humains peuvent compromettre ou même détruire des équilibres fragiles de l’univers. Mais nous croyons aussi que l’humanité est dotée des moyens de surmonter de grandes difficultés. Elle l’a montré dans le passé. Elle peut encore le faire dans l’avenir. Cela dépend de notre capacité à maîtriser l’usage que nous faisons des biens dont nous disposons. Cela dépend aussi de notre capacité à ouvrir notre réflexion au-delà de nos débats hexagonaux. Ne laissons pas croire que le souci de l’environnement serait un esthétisme de luxe pour pays développés. Faisons de notre recherche d’un développement durable un vecteur de notre volonté de partager les biens de la terre entre tous les hommes. La responsabilité à l’égard de l’environnement est aujourd’hui indissociable de la crise dans sa dimension universelle.

L’accident nucléaire consécutif au raz-de-marée japonais a donné une acuité particulière au débat sur les centrales nucléaires dans nos pays avec des enjeux économiques et politiques dont nous avons bien conscience. Nous souhaitons que la réflexion sur les choix à venir dépasse chez nous le niveau de la surenchère électorale. Il n’est pas certain que les informations nécessaires soient totalement fournies, si elles ont été sérieusement établies et vérifiées. Quelles seraient les énergies alternatives ? Seraient-elles réellement moins polluantes ? Pour combien de temps et à quel prix ? Qu’en est-il dans les pays émergents à très fortes populations et dont le développement économique suppose une forte consommation d’énergie ? Autant de questions sur lesquelles il serait intéressant d’avoir des réponses. En tout cas, la raréfaction des sources d’énergie non-renouvelable nous acculera à des choix de consommation. Lesquels ? Nul n’ignore que, derrière l’angoisse nucléaire, rôde la question des armes atomiques, de leur dispersion et de leur dangerosité. Où en sommes-nous de la régulation internationale dans ce domaine ?

Si l’écologie est une œuvre spécifiquement humaine qui ressortit à la responsabilité singulière de l’homme dans l’univers, elle doit être aussi une œuvre au service de l’homme. Elle est un des éléments du développement intégral de l’homme comme le Saint-Père l’a rappelé à plusieurs reprises. L’écologie au service de l’homme n’est pas un vague naturalisme, c’est un engagement pour défendre la qualité de la vie des hommes. La qualité de la vie de tous les hommes, la qualité de vie de tout l’homme dans toutes les dimensions de son existence, non seulement physique, mais aussi psychique, morale et spirituelle. C’est dans cette ampleur que se déploie l’implication des chrétiens dans la défense de la vie.

  • Evocation du travail de la session d’avril 2011 de l’assemblée plénière de la CEF à Lourdes.
  • Extrait du discours de clôture de l’assemblée plénière de la conférence des évêques de France de novembre 2010, par le cardinal Vingt-Trois,  le 9 novembre 2010, Lourdes

Le travail entrepris sur l’écologie concerne aussi notre avenir, l’avenir de notre monde dans toute son extension. Il est légitime, nécessaire et stimulant de faire apparaître la responsabilité humaine dans les dégradations des grands équilibres naturels. Il est aussi important de ne pas se laisser entraîner dans une lecture des observations recueillies qui ferait de l’homme le principal ennemi de la planète. L’écologie est un engagement important pour que les ressources de la terre soient au service des hommes, non pour que les hommes deviennent les serviteurs d’un naturalisme planétaire.

Enfin, nous avons pressenti que nos préoccupations n’étaient sans doute pas universellement partagées, ni entre les nations, ni chez nous entre tous nos concitoyens. La responsabilité à l’égard de la terre ne doit pas devenir une sorte de « mauvaise conscience » d’un consommateur repu. Nous avons assez de confiance dans les capacités de l’intelligence humaine pour espérer que, comme ce fut le cas dans le passé, nous chercherons et nous trouverons des solutions qui respectent la suprématie de l’homme sur la création, sa mission de gérer le monde et de le soumettre, de développer plus de justice dans les échanges économiques, commerciaux et financiers.

Au cours de cette session, Mgr Stenger a invité deux experts à prendre la parole devant les évêques : Michel Lepetit, polytechnicien engagé dans le secteur bancaire (notamment sur des projets de bilans carbone pour les collectivités locales) et qui a présenté l’état des lieux des ressources énergétiques, limitées. Et Dominique Bourg, philosophe spécialisé des questions de l’environnement et du développement durable (directeur du CREIDD à Troyes, auteur de « Pour une démocratie écologique»), proche de Nicolas Hulot, et qui a critiqué 30 ans d’échec des politiques de Développement durable. Pour lui, le tandem « lutte contre la pauvreté » et « protection de l’environnement » n’a pas tenu ses promesses. L’impasse est d’avoir misé sur le progrès technologique qui finalement ne profite qu’à une minorité et sans changer nos modes de vie et notre logique de consommation sans fin. Et d’inviter les évêques à être prophétiques et d’accompagner les hommes vers une autre croissance.  Cette audition a été suivie de plusieurs carrefours (à huis clos) sur les thèmes suivants : agriculture, énergie, réchauffement climatique, économie & environnement, préservation de la biodiversité.

  • Une parole spécifique de l’Eglise catholique sur l’écologie et l’environnement. 26 mars 2010

Mgr Marc Stenger largeur

En novembre 2009, les évêques ont décidé, en assemblée plénière, de la création d’un groupe de travail sur « Ecologie et environnement ».Mgr Marc Stenger est intervenu devant les évêques, jeudi 25 mars, pour un premier point d’avancement suivi d’un temps d’échanges entre les évêques. Interview.

Quel était le sens de votre intervention auprès des évêques ?

A travers un vote très large en novembre dernier, les évêques ont signifié l’importance de ce sujet pour eux. Le groupe de travail, constitué dans la foulée de la dernière assemblée, a souhaité partager avec les évêques ses premiers constats et travailler ensemble sur l’enjeu principal : quel message original et spécifique l’Eglise catholique peut-elle avoir sur ces questions qui traversent toute la société et donnent lieu à toutes sortes de prises de parole.

Quel est ce constat ?

Nous avons tout d’abord été frappés par le sentiment assez largement partagé que l’Eglise catholique n’a jamais rien dit sur le respect de l’environnement. Or nous sommes bien loin du niveau zéro en termes d’implication et de prises de paroles. Les papes Jean-Paul II et Benoît XVI ont eu des paroles fortes de l’Eglise catholique sur le respect de la création. L’Encyclique Caritas in Veritate consacre une partie importante à ce thème. La question est traitée de façon très explicite dans différents mouvements et instances de l’Eglise en France : le Conseil Famille et société, Justice et Paix, Pax Christi… Dans de nombreux diocèses, des groupes sont activement engagés sur le sujet.

Quelle peut-être l’action de l’Eglise face à ce constat ?

L’Eglise a en premier lieu une parole à donner : elle doit se fonder sur la motivation des hommes et non la culpabilisation. Elle se doit aussi de rappeler la beauté de la création et la responsabilité de l’homme vis-à-vis d’elle. C’est une parole qui fonde des attitudes et des choix nécessaires pour ouvrir la perspective d’un développement durable. Elle invite ainsi à des initiatives concrètes. L’Eglise peut ainsi apporter un éclairage spirituel et théologique à des modes de vie. Elle peut et doit aussi souligner les implications sociales du problème : quelles sont, par exemple, les conséquences de l’hyperconsommation sur les pays du Sud ?

Comment les évêques envisagent-ils d’avancer sur le sujet ?

Nous avons proposé de travailler en trois temps : le groupe de travail se mettra tout d’abord à l’écoute des questionnements en rencontrant des experts, des scientifiques… Dans un second temps, et riches de ces questions, nous passerons en revue nos fondamentaux. Nous avons une théologie de la création, une anthropologie chrétienne qui nous donnent des outils pour éclairer et fonder nos pratiques. Enfin, nous nous orienterons vers des débouchés concrets à travers le développement d’instruments de travail, d’une sensibilisation de nos communautés, de la promotion d’initiatives inscrites dans l’expression d’une parole d’Eglise.

  • En novembre 2009, les évêques ont décidé, en assemblée plénière, de la création d’un groupe de travail sur « Ecologie et environnement »
  • Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, président de Pax Christi France, en a été élu président.
    Le groupe de travail est composé de Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque d’Albi, Mgr Jean-Louis Papin, évêque de Nancy et Toul, Mgr Gilbert Louis, évêque de Chalons en Champagne, Mgr Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux et Lisieux, Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg, Mgr Pascal Wintzer, évêque aux iliaire de Poitiers.
  • Jean-Louis Borloo interpelle l’Eglise de France sur l’écolog ie. (Article du journal La Croix) Le ministre de l’é

    cologie, du développement durable et de l’aménagement du territoire a rencontré lundi 23 février  2008 les évêques de France. Il les a invités à se faire mieux entendre

Les Eglises d’Europe se penchent sur l’environnement

Deux mois après l’accord européen – ambitieux – sur la lutte contre le réchauffement climatique et dix mois avant la conférence internationale de Copenhague qui doit permettre en décembre de donner une suite au protocole de Kyoto, Jean-Louis Borloo souhaitait rencontrer les évêques de France.

Il s’en était ouvert au cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, qui fut le maître d’œuvre de la rencontre « non officielle » qui s’est déroulée lundi après-midi à la Maison des évêques de France, avenue de Breteuil à Paris. Onze évêques participaient à la rencontre, ainsi que le P. Jacques Turck, directeur du Conseil famille et société de la Conférence épiscopale et secrétaire de l’antenne Environnement et modes de vie. La rencontre, qualifiée de « simple et fraternelle » par Mgr André Dupleix, secrétaire général adjoint, fut avant tout l’occasion pour les uns et les autres de « s’écouter ».

Le P. Turck a d’abord résumé les travaux menés dans les différents lieux de réflexion de l’Église, présenté notamment dans La Création au risque de l’environnement (1), publié en décembre dernier par la Conférence des évêques de France (lire La Croix du 18 décembre), ainsi que les différents engagements, comme par exemple les campagnes « Vivre Noël autrement », qui, à l’initiative de Pax Christi et à l’occasion de l’Avent, invitent à une consommation responsable, plus respectueuse de l’environnement. Jean-Louis Borloo a ensuite évoqué le Grenelle de l’environnement, et surtout la prochaine échéance de Copenhague, insistant sur les aspects politiques et économiques du dossier.

Appelant l’Eglise à intervenir de manière plus visible

Si, malgré des situations économiques, sociales, industrielles, énergétiques très différentes, la solidarité des États a constitué un élément essentiel pour aboutir à un accord au niveau européen, avec des objectifs et un plan d’action concret, il n’en ira pas forcément de même à Copenhague, a laissé entendre Jean-Louis Borloo. Le ministre n’a, à ce propos, caché ni l’urgence d’aboutir à « un Grenelle planétaire », ni son appréhension de voir « la morbidité technico-morale » l’emporter. Il a notamment souligné – sans abuser de références scientifiques et techniques – « l’accélération vertigineuse des questions liées à l’environnement » (épuisement des ressources, pollution, accumulation des déchets, dérèglement climatique…) qui, toutes, appellent une transformation urgente des modes de production et de consommation ainsi que des modes de vie, et a affirmé que certaines situations vont d’ores et déjà « vers l’irréversible ». « Est-ce qu’on va pouvoir préserver tout ce que l’homme a de beau, de positif ? », s’est-il alors interrogé, dans un style très spontané, avant d’appeler les chrétiens et l’Église à intervenir de manière plus forte et plus visible dans le débat – comme a su le faire le Secours catholique dans le domaine social – et à délivrer « au monde entier en désarroi » un message « qui aille au-delà des considérations économiques ou politiques ».

« L’Église a une mission éducatrice à l’écologie »

Après ce discours jugé « positivement interpellant » et « éveilleur de responsabilités respectives » par Mgr Bernard Podvin, porte-parole de l’épiscopat, les échanges ont permis un partage de réflexions. Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et président de Pax Christi, a, par exemple, souligné que de nombreux petits groupes travaillaient déjà dans les diocèses pour définir des choix et entrer dans une démarche dynamique de respect de l’environnement. Le cardinal Barbarin – après avoir rappelé que, pendant son ministère à Madagascar, il avait construit une catéchèse sur l’eau – s’est de son côté interrogé sur la manière, peut-être trop discrète, dont la catéchèse parle de la Création telle qu’elle a été voulue par Créateur, c’est-à-dire comme une alliance dans laquelle Dieu est engagé et l’homme avec lui. Des évêques ont également souligné le danger de brandir l’écologie comme un slogan, ou comme une menace visant à faire peur. « Ce dialogue a permis au ministre de prendre acte que l’Église avec Jean-Paul II, et aujourd’hui avec Benoît XVI, est bien engagée dans la promotion de l’écologie », constatait, à l’issue de la rencontre, Mgr Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen et président du Conseil famille et société. « Le ministre a regretté que sa voix ne soit pas assez entendue. De fait, il y a urgence. L’Église a une mission éducatrice à l’écologie, y compris au niveau international, pour que les décisions prises soient au service de l’homme. »

« Un rêve en commun »

Cette rencontre « m’a fait du bien », confiait de son côté Jean-Louis Borloo. Elle a permis « de parler de l’essentiel », c’est-à-dire « du respect de l’autre et de la planète », « un rêve que nous avons en commun ». « Lorsque j’étais en Terre sainte, a-t-il raconté à La Croix , j’ai eu les larmes aux yeux en voyant à quel point le problème de l’eau était là-bas vital. » « La question n’est plus de savoir s’il faut prendre des engagements irrévocables, mais comment le faire, et comment nous doter des outils pour respecter ces engagements. Nous ne pouvons nous permettre de passer à côté de décisions », a-t il ajouté. « Je rêve d’une nouvelle JEC, a assuré cet ancien scout unitaire de France. Une Jeunesse écologique chrétienne ! » / Martine de SAUTO / (1) Bayard/Cerf/Mame, 57 p., 10 euros.

  • Publication du Document épiscopat « Les chrétiens et le développement durable » (Elena Lasida), n°2/2008.

Les Semaines sociales de France de novembre 2007 avaient comme thème « Vivre autrement pour un développement durable et solidaire ». Nous sommes heureux de transmettre dans Documents Épiscopat l’intervention remarquée de Mme Elena Lasida.

Au-delà de l’analyse qu’elle en donne, marquée par sa recherche en lien avec Justice et Paix-France, elle éclaire à la fois et les réflexions sur le développement durable à la lumière de la doctrine sociale de l’Église, et la recherche théologique à la lumière de cette analyse de terrain. Son discours, en mettant en cause nos idées de l’avenir, en interpellant nos représentations de l’humain et en cherchant des ouvertures sur la transcendance, se présente comme « une chance pour la foi chrétienne » qui ne peut laisser l’auditeur ou le lecteur indifférent.

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