PÂQUES 11/50 – Un engagement ou une to-do list pieuse ?

On l’attendait. Le voici arrivé. Qui ? Le texte promis des évêques de France pour inviter les diocèses à passer la vitesse supérieure dans leur cohérence écologique intégrale.

Le site de la CEF présente la quarantaine de propositions ainsi faites. Passage en revue E&E rapide

Présentation de l’ouvrage lui même

Habiter la Terre, notre maison commune, de façon plus respectueuse et plus fraternelle. Faire de l’Église catholique un lieu d’authentique conversion écologique. Partager la vision systémique, chère au pape François, d’une « écologie intégrale » combinant les dimensions environnementale, sociale, anthropologique et spirituelle. Les évêques de France ont décidé de faire de la conversion écologique une priorité de leur travail en commun. Durant trois années (2019-2022), chacune de leurs Assemblées plénières les aura vus cheminer en compagnie d’invités de tous âges, tous statuts et tous profils. Les sujets traités n’épuisent certes pas toutes les dimensions de l’écologie intégrale ni tous les sujets graves auxquels est confronté notre temps. Mais, de la théologie de la création à la collapsologie, en passant par les enjeux alimentaires, ou encore le lien entre écologie et justice sociale, ces réflexions partagées n’en ont pas moins balayé un large spectre. Une démarche qui a fait bouger les coeurs et les esprits, suscitant en cela des initiatives de terrain nombreuses, variées et pleines de promesses. Parce que c’est bien d’un « chemin » ouvert qu’il s’agit, cet ouvrage propose plusieurs pistes d’engagements très concrets susceptibles de permettre aux diocèses, aux paroisses, aux mouvements et communautés catholiques de poursuivre et d’approfondir leur mobilisation, en lien avec les autres Églises chrétiennes comme avec l’ensemble de nos concitoyens.
Vous avez dit « sobriété » ? Oui, mille fois oui : mais une sobriété voulue, partagée, fraternelle et joyeuse !

COMMENTAIRE E&E : on l’aura compris, l’heure est à l’écologie joyeuse ! Ne pas faire peur aux chrétiens pour qui l’écologie reste un sujet sensible, comme pour bien des citoyens français.

On ne dit rien de la difficulté qui a accompagné l’élaboration ultime de ce texte qui, lors de la dernière séance à Lourdes n’avait pas pu être officiellement présenté, alors qu’il avait été annoncé. Renvoyé en commission, il a sans doute subis encore un passage à la moulinette pour éliminer les aspérités les moins joyeuses ? Allons jeter un oeil…

INTRODUCTION

Ce document rassemble un ensemble de propositions appelées à un travail de discernement local. Il a été travaillé par les référents diocésains à l’écologie intégrale en février 2022, puis par les évêques et leurs invités lors de l’Assemblée plénière d’avril 2022, avant de faire l’objet d’une synthèse par les référents diocésains en début puis en fin d’été 2022.

Inévitablement, il peut susciter une impression d’empilement plus ou moins disparate. Mais il ne s’agit pas tant de « faire des choses en plus » que de répondre joyeusement à l’appel du Seigneur à ajuster notre relation aux autres et au monde, en repérant et en choisissant ce qu’il est possible de « faire autrement », dans l’esprit de créativité auquel nous invite Laudato si’.

COMMENTAIRE E&E : Cet effet d’empilement est un aveu d’un projet qui est un compromis compliqué, sans aucune doute. Quel autre document doctrinal aurait accepté ce côté brouillon ? Car du coup, le risque est grand de laisser libre à chacun de faire ce qu’il veut sans comprendre la cohérence d’ensemble et passer à côté des appels à la conversion pour arriver à cette sobriété choisie.

Pareillement, il n’y a pas lieu de vouloir « tout faire » : le recensement ci-dessous indique des pistes possibles ; à chaque diocèse d’identifier celles qui lui paraissent les plus appropriées. Comme nous le rappelle sans cesse le Pape, « tout est lié » : aussi, afin de pallier les risques de la simple juxtaposition, est-il recommandé de chercher à associer les uns aux autres les engagements que l’on choisira de privilégier, dans un souci de cohérence globale. Le « tout est lié » nous invite en effet à chercher à « mieux relier » les unes aux autres les différentes facettes de nos vies et de nos engagements, en faisant de l’écologie intégrale un levier d’enracinement de notre foi et un chemin de conversion. En dépit de sa longueur, cette liste de propositions n’est évidemment pas exhaustive. Elle n’est pas non plus hiérarchisée, et comporte des pistes d’action de natures très diverses.

COMMENTAIRE E&E : l’implicite de cet aveu est que les diocèses (leurs évêques) n’ont pas la même approche sur cette question. Cette disparité face à la dynamique Laudato si est flagrante, huit années après la publication de l’encyclique. Certains avancent avec courage. D’autres freinent des quatre fers, pendant que la majorité avancent à vue sans grands moyens pour créer une vraie dynamique pastorale.

Quelques axes structurants peuvent toutefois être soulignés :
– Tout particulièrement ce qui concerne Église Verte, dans la mesure où il s’agit d’une démarche à la fois locale et nationale, qui vise à prendre en compte les différentes dimensions de l’écologie intégrale, et qui le fait en étroit lien œcuménique avec nos frères et sœurs des autres Églises chrétiennes.
– Mais aussi ce qui touche à la charité, à la solidarité, à la diaconie et à la volonté de faire toute leur place aux personnes les plus fragiles : il n’est pas d’écologie intégrale sans souci des plus pauvres.
– Et, à la racine, ce qui permet de fonder nos engagements sur les plans spirituel et théologique, et de les nourrir par la prière et la liturgie.

COMMENTAIRE E&E : On ne comprend pas bien pourquoi alors la dynamique Eglise Verte n’est pas un partenaire plus massif de cet ouvrage ? Et pourquoi les évêques ne lancent pas un appel à toutes les paroisses de leurs diocèses pour la rejoindre ?
En bon texte catholique, on rassure dans les chaumières en rappelant que l’écologie chrétienne est d’abord sociale (les pauvres) et spirituelle (prière et liturgie). Pas un mot sur les engagements militants, associatifs… Une attitude qu’on lisait déjà dans les documents publiés en 2000 et les années précédentes. Avons-nous vraiment avancé ?

Ces propositions s’enracinent dans diverses réalisations et expériences déjà effectives, vécues dans un certain nombre de diocèses et de lieux d’Église. L’immense majorité d’entre elles concernent l’échelle d’un diocèse, de ses paroisses et de ses communautés ecclésiales ; quelques-unes s’inscrivent toutefois dans une dimension nationale, mais elles ont vocation à se vivre sur le registre du travail en commun et du partage collaboratif. Parce que toutes visent des engagements concrets, elles sont le plus souvent exprimées par des verbes d’action à l’indicatif, et présentées sur un mode plus opérationnel que littéraire. Elles ne relèvent cependant ni de la consigne normative, ni du mode d’emploi à appliquer point par point. Leur registre est au contraire celui de l’invitation à la liberté créative, et c’est bien dans cet esprit que nous espérons qu’elles seront entendues, travaillées et suivies d’effets.

COMMENTAIRE E&E : quel bel appel à la « liberté créative » ! C’est sans doute le 2e effet kisscool de l’encyclique. Pas sûr qu’on aurait entendu un tel appel pour d’autres textes d’autorité sur des questions sociétales, familiales etc. On aura lu entre les lignes que faire des propositions opérationnelles… mais sans rien structurer, organiser, forcer est une manière de ne crisper personne. Cela aura au moins l’avantage de permettre à ceux qui veulent avancer de le faire… si l’évêque du lieu partage cette liberté créative…

Et voici donc les 40 points

1) En réponse aux appels graves et pressants de notre temps et dans l’élan de Laudato si’ et de Fratelli tutti, construire une feuille de route sur trois ans : priorités retenues, engagements pris, manière d’y travailler, échéances. La nourrir de tout ce qui se vit déjà, ainsi que de l’identification des besoins, des ressources et des intuitions des paroisses, groupes et mouvements, communautés religieuses, établissements catholiques, etc. L’élaborer sur un mode synodal, avec les divers conseils et instances collaboratives présents dans le diocèse. Ainsi conçue, elle pourra engager toutes les communautés du diocèse sur un chemin de conversion écologique dans l’émerveillement, le partage, la sobriété joyeuse et le souci de la communion.

COMMENTAIRE E&E : une belle idée, dans la dynamique des processus intégrant du pape François. Mais pourquoi trois ans ? Pourquoi limiter l’engagement ? C’est sur plusieurs décennies qu’une telle conversion pastorale s’opère.

2) Cette conversion ne constitue ni une option facultative, ni un service diocésain de plus, mais représente un enjeu transversal à l’ensemble de la vie de l’Église. L’équipe rassemblée autour de la feuille de route sera donc composée de manière à mettre en lien les différentes réalités ecclésiales du diocèse et les diverses facettes de l’écologie intégrale : diaconie et solidarité, participation des personnes en situation de fragilité, formation, spiritualité et liturgie, enjeux éthiques, économiques et sociaux, respect de la dignité de toute personne de la conception jusqu’au dernier souffle, etc.

COMMENTAIRE E&E : de quoi parle t-on ici ? D’un conseil ? D’une « équipe » sans autre statut canonique ? Cela promet bien des discussions houleuses entre des sensibilités et des approches pas du tout unifiées depuis des années dans les diocèses. Le clivage écologie environnementale et écologie humaine, réapparait une fois encore.

Potentiellement animé par le référent à l’écologie intégrale, le travail de cette équipe tiendra le plus grand compte de la diversité des réalités locales (comme de celle des réalités diocésaines dans l’hypothèse d’une démarche vécue à l’échelle de la Province ecclésiastique). « À travers le culte, nous sommes invités à embrasser le monde à un niveau différent. L’eau, l’huile, le feu et les couleurs sont assumés avec toute leur force symbolique et s’incorporent à la louange. La main qui bénit est instrument de l’amour de Dieu et reflet de la proximité de Jésus Christ qui est venu nous accompagner sur le chemin de la vie. L’eau qui se répand sur le corps de l’enfant baptisé est signe de vie nouvelle. Nous ne nous évadons pas du monde, et nous ne nions pas la nature quand nous voulons rencontrer Dieu. » Laudato si’, no 235

COMMENTAIRE E&E : pourquoi ne pas d’abord s’engager à ce que TOUS les diocèses français aient un vrai référent à l’écologie intégrale, avec une vraie feuille de route, une vraie responsabilité et de vrais moyens humains et financiers pour assumer son rôle ? La citation LS 235 ne rassure pas beaucoup sur la manière dont on « tiendra compte des réalités locales ». Prendre la vie sacramentelle comme référence unique est significatif à cet égard…

3) Mettre à la disposition des prêtres et des équipes liturgiques des outils de formation en ligne (MOOC) pour vivre la liturgie dans l’esprit de l’écologie intégrale (travail à mener à l’échelle nationale). Pour ce faire, s’appuyer sur la richesse des ressources disponibles et mutualiser les expériences et les initiatives vécues dans les diocèses.

COMMENTAIRE E&E : liturgie encore ! On a du mal à sortir de nos messes et de nos églises décidément. Bien sûr, les liturgies gagneront en grâce et en cohérence, mais ce sera aussi pour beaucoup une manière de noyer le poisson. Un comble pour des chrétiens

4) Créer un répertoire de chants liés à la Création et favoriser la création artistique-liturgique en ce domaine (échelle nationale).

5) Redécouvrir et valoriser le patrimoine de la liturgie et de l’art sacré en lien avec le thème de la Création.

6) Inciter les paroisses à prendre en compte les différents aspects de l’écologie intégrale dans la messe dominicale (prière universelle par exemple), et à porter toujours plus le souci de la place de tous, notamment des plus fragiles, dans la liturgie.

COMMENTAIRE E&E : belote et rebelote. Liturgie, liturgie, liturgie. Tout cela ne demande quand même pas beaucoup de discussions dans cette future équipe. Tout ce travail a été fait ou aurait du l’être sans difficultés dans les diocèses depuis au moins 8 pour ne pas dire 20 ans…

7) Élaborer des propositions locales invitant à vivre le dimanche à la lumière de Laudato si’ et de Fratelli tutti : comme un temps de rencontre avec le Seigneur, soi-même, les frères et sœurs, la Création. Voir notamment l’ouvrage publié par le Service National pour la Pastorale Liturgique et Sacramentelle, Le dimanche : Un art de célébrer et de vivre, sous la direction de B. Melois et S. Gall-Alexeeff, Mame, 2022.

8) S’appuyer sur les temps liturgiques, notamment Avent et Carême, pour (re)découvrir le sens et la force du jeûne personnel et communautaire et de la sobriété.

COMMENTAIRE E&E : Belote et dix de der. Tout cela était déjà suggéré dans les documents des années 2000. Et avouons-le : cela ressemble beaucoup à des voeux pieux ou des recommandations qui seront aussi vite oubliées, vues les tensions liturgiques actuelles

9) Mettre en valeur le Temps œcuménique pour la Création (journée diocésaine, pèlerinage local, marche spirituelle,…), et faire place à l’écologie intégrale dans le cadre de la semaine pour l’unité des chrétiens.

10) Dans les formes diverses de la piété populaire (processions, pèlerinages, rogations, bénédictions, fêtes patronales,…), célébrer le fruit de la terre et du travail des hommes. « Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne. » Laudato si’, no 217

COMMENTAIRE E&E : Pourquoi les évêques n’ont ils pas profité de l’occasion pour exiger que ce temps du 1er septembre au 4 octobre soit vraiment vécu dans les paroisses désormais ? Certes la dimension oecuménique est citée, mais elle se réduit à une simple collaboration pour quelques célébrations en septembre ou janvier. Ramener la piété populaire (sans l’interroger ou offrir des chemins d’adaptation crédibles) en dit long aussi d’une manière de rassurer les acteurs les plus « classiques » des diocèses. Un texte récent d’un magazine chrétien ne parlait il pas que les rogations était la réponse aux écologistes radicaux ?

11) Encourager et promouvoir dans les différentes instances et communautés la prise de conscience de la place de l’écologie intégrale dans la foi et la mission de l’Église.

COMMENTAIRE E&E : splendide exemple de langue de buis ! (avec ou sans pyrale)

12) Sensibiliser et informer sur la gravité des problèmes écologiques. Utiliser notamment les outils d’Église verte, mais aussi ceux que proposent des associations extérieures à l’Église, comme par exemple la Fresque du climat ou la Fresque de la biodiversité, en respectant dans ce cas leur autonomie mais en veillant à la manière de les employer dans un contexte chrétien.

13) Poursuivre et diffuser le travail théologique et anthropologique sur notre rapport à la Création – notamment aux animaux. Le site d’Église Verte propose à ce sujet des outils d’appropriation de la fresque du climat en milieu chrétien : https://www.Égliseverte.org, rubrique « Ressources et outils », onglet « Engagements local et global ».

COMMENTAIRE E&E : là, c’est franchement brouillon et mal écrit. La question animale est noyée dans l’ensemble, comme une question « anthropologique ». Les animaux apprécieront. Pas sûr qu’on va beaucoup renouveler la théologie de la Création…

14) Initier et proposer localement des groupes de lecture et de partage portant sur l’écologie intégrale, en particulier à l’aide de parcours bibliques.

COMMENTAIRE E&E : tout ce qui aurait du être fait depuis huit ans en fait, c’est ça ?

15) En s’appuyant sur tout ce qui se vit déjà, développer et mutualiser des formations à l’écologie intégrale, y compris au besoin en utilisant les possibilités du numérique (MOOC). Associer formation théorique (théologie de la création, pensée sociale de l’Église, questions éthiques, etc.) et formation pratique, et veiller à accompagner la dimension intellectuelle par les sphères spirituelle, artistique, manuelle, corporelle,…

COMMENTAIRE E&E : il aurait été intéressant de lister ici ce qui existe déjà dans les cathos et autres centres de formation. Mutualiser les énergies est aussi de la sobriété joyeuse…

16) Faire toute sa place à l’écologie intégrale dans la formation initiale et continue des prêtres, des diacres permanents, des laïcs en mission ecclésiale et des adjoints et animateurs en pastorale des établissements catholiques : théologie de la création, notion de péché écologique, enjeux pastoraux de la conversion écologique, dimension liturgique, etc.

COMMENTAIRE E&E : bon courage à chacun !! Il y a du boulot !!

17) Promouvoir des pratiques pédagogiques éclairées par l’écologie intégrale : animation en intelligence collective, communication non-violente,…

COMMENTAIRE E&E : est-ce bien sérieux ? Peut on balancer comme ça ce genre de pratiques comme de simples outils pédagogiques qui ne sont pas bien en place souvent dans les structures ecclésiales par ailleurs… Donc ?

18) Inclure et développer la place de l’écologie intégrale dans les parcours de catéchèse et de catéchuménat.

19) Accompagner les écoles, collèges, lycées et établissements d’enseignement supérieur catholiques sur la voie de la conversion écologique. En particulier, se rendre attentifs à toutes les propositions de formation développées par les Universités catholiques, les structures ecclésiales de formation, les mouvements d’Église, les communautés monastiques, etc. « La spiritualité chrétienne propose une autre manière de comprendre la qualité de vie, et encourage un style de vie prophétique et contemplatif, capable d’aider à apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation. » Laudato si’, no 222

COMMENTAIRE E&E : aucun écho précis a tout ce qui s’est construit avec le label Eglise verte ces dernières années. Rien sur le réseau Laudato si des monastères etc. Grrrrr

20) Présenter et partager l’élan de l’écologie intégrale comme un art de vivre et un chemin de conversion, à partir d’une définition synthétique élaborée à l’échelle nationale.

COMMENTAIRE E&E : il a fallu attendre 20 numéros pour se dire que, en fait, on parle de quoi déjà quand on dit « écologie intégrale » ? Et tout ça huit ans après Laudato si ? On rit ou on pleure ?

21) Utiliser et faire connaître la « Plateforme d’action Laudato si’ » du Dicastère pour le développement intégral, et inciter les membres des communautés catholiques à s’en nourrir et à l’enrichir de leurs expériences. Pareillement, diffuser le travail et les propositions du « Mouvement Laudato si’ ».

22) Inciter tout particulièrement les paroisses, les établissements scolaires catholiques, les congrégations, les mouvements, les associations, les familles et les jeunes à entrer activement dans la démarche « Église verte ».

COMMENTAIRE E&E : Retour à Eglise Verte, mélangé avec d’autres structures internationales et nationales. Un chat n’y retrouverait pas ses petits.

23) Partout où c’est possible, promouvoir les éco-lieux qui témoignent de la conversion écologique, et encourager les expérimentations en ce sens (échelle diocésaine). Pour ce faire, commencer par recenser et rendre visibles les éco-lieux catholiques ou d’inspiration chrétienne (échelle nationale).

COMMENTAIRE E&E : Merci !! Le travail a déjà été fait, le saviez vous ? 8 euros dans toutes les bonnes librairies

24) Là où c’est possible, ouvrir les locaux et terrains du diocèse / des paroisses aux associations et à la société civile, dans une double logique d’ouverture et d’optimisation des locaux.

COMMENTAIRE E&E : Enfin un signe d’ouverture sur l’extérieur (non sans arrière pensée « d’optimisation »)… Mais oui, allons y !! C’est le moment avant que ce patrimoine immobilier, agricole, paysager ne doit dilapidé et vendu

25) Sensibiliser et informer les acteurs diocésains sur la question du désinvestissement des énergies fossiles. Engager le diocèse dans cette voie et mener une politique de mise en cohérence éthique, sociale et environnementale des placements financiers de l’Église. À l’échelle nationale, poursuivre le travail d’identification des placements compatibles avec les orientations de la pensée sociale de l’Église et de l’écologie intégrale, afin d’apporter aux diocèses qui le souhaitent une aide en ce sens.

COMMENTAIRE E&E : ce qui dans d’autres pays est l’engagement premier des diocèses pour dire la force de leur engagement en terme de conversion, est ici relégué à une simple sensibilisations en vue de … un jour… peut être…

26) Promouvoir des pratiques numériques plus vertueuses et plus sobres.

COMMENTAIRE E&E : ça mange pas de pain, comme dirait l’autre

27) Dans la vie du diocèse / des paroisses, dans nos réunions et dans le quotidien de chacun, améliorer les pratiques environnementales (fin de la vaisselle jetable, politique zéro déchets, etc.) ; privilégier la sobriété et les achats éthiques, durables et locaux.

28) De même, valoriser la dimension spirituelle du repas et en induire une plus grande attention à nos choix alimentaires : sobriété, circuits courts, produits de saison, produits issus de l’agriculture raisonnée et/ou de l’agriculture biologique, moins de viande (en dialogue avec le monde agricole, et en privilégiant les produits de qualité issus de l’élevage de proximité), etc.

COMMENTAIRE E&E : on en arrive donc à la question des modes de vie et des pratiques concrètes. Améliorer et valoriser ! Voilà le défi !

29) Poursuivre une démarche de sobriété énergétique et s’y engager plus encore (par exemple, par la mesure et le suivi de l’empreinte carbone des évêchés et des paroisses).

COMMENTAIRE E&E : alors pourquoi ne pas l’avoir validé collectivement pour, dans trois ans présenter clairement le résultat d’une telle enquête qui serait passionnante à faire pour un diocèse ?

30) Favoriser la valorisation du foncier et du bâti sous-utilisé ou à l’abandon, en veillant prioritairement à la qualité humaine et environnementale de leur utilisation (nouvel usage, mise à disposition, location, vente).

31) Développer les jardins partagés sur les terrains paroissiaux et diocésains disponibles, afin notamment de favoriser l’inclusion des personnes en situation difficile.

32) Recourir autant que possible à des entreprises d’insertion pour les contrats signés par le diocèse et les paroisses.

COMMENTAIRE E&E : retour au point 23 !!!

33) Développer une politique de mobilité douce pour les salariés et l’ensemble de la communauté catholique du diocèse.

34) Inviter les catholiques à participer, à titre personnel ou en groupe, aux événements et aux manifestations publiques portant sur les enjeux écologiques (par ex., la Marche du Climat) en y témoignant de la dimension spirituelle.

35) Entretenir et développer des liens et des partenariats avec celles et ceux qui, à l’extérieur de l’Église, sont engagés pour sauvegarder la « Maison Commune » (militants associatifs, agriculteurs, architectes et urbanistes, scientifiques, personnels soignants, éducateurs, acteurs des entreprises locales, acteurs de l’économie sociale et solidaire, artistes, etc.). « La préservation de la nature fait partie d’un style de vie qui implique une capacité de cohabitation et de communion. Jésus nous a rappelé que nous avons Dieu comme Père commun, ce qui fait de nous des frères. » Laudato si’, no 228

COMMENTAIRE E&E : la militance est donc possible pour des chrétiens (qui apportent leur grain de sable spirituel, bien sûr). Bonne nouvelle… mais que de temps perdu…

36) Éclairer tous les projets et toutes les actions par l’attention prioritaire aux personnes en difficulté et aux personnes les plus fragiles, dans le souci constant du respect de toute vie aux différents moments de son existence.

COMMENTAIRE E&E : deuxième signe de réassurance : nous sommes bien dans un cadre de doctrine sociale de l’Église catholique où la bioéthique humaine reste le produit d’appel de la réflexion. On envoie des signaux positifs à ceux qui voient dans la question écologique une autre manière de faire passer … leurs propres combats, rebaptisés écologie humaine.

37) Développer les éco-lieux porteurs d’accueil des plus précaires et de mixité sociale et intergénérationnelle.

38) Donner la parole aux personnes en fragilité et s’appuyer sur leur expérience, à l’instar de ce qui s’est vécu lors de Diaconia 2013 ou de l’Assemblée plénière des évêques de novembre 2021. Grâce au savoir-faire des mouvements et réseaux engagés dans cette démarche, favoriser notamment la création ou le développement de groupes de partage d’Évangile ouvrant un espace de parole aux sans voix et à celles et ceux qui ne se sentent pas écoutés dans l’Église.

COMMENTAIRE E&E : vous le voyez bien le côté fourre-tout du document ? Tous ceux qui depuis 10 ans s’interrogent sur la pérénité de Diaconia 2013 ont enfin la réponse : ben, en fait on pourrait faire des choses avec les plus précaires dans nos lieux…

39) Travailler les questions d’écologie intégrale de manière transversale avec les différents services et mouvements comme avec les EAP ou les équipes pastorales, afin d’infuser la démarche de conversion écologique dans leurs projets et leurs actions.

COMMENTAIRE E&E : retour aux questions traitées au début du document

40) Organiser des temps propices à la découverte mutuelle et au dialogue entre le monde rural et le monde urbain dans toutes leurs diversités respectives.

COMMENTAIRE E&E : les question de la ruralité et du monde agricole sont gentiment évoquer sous la forme du dialogue entre les rats des champs et les rats des villes. Rien sur la privatisation des terres, les pesticides, l’agriculture bio, les suicides des agriculteurs, etc ?

41) Initier à destination des élus des temps d’échanges sur les enjeux de l’écologie intégrale ; organiser des débats publics sur ces enjeux.

42) Faire place aux enjeux d’interculturalité et de solidarité internationale – en s’appuyant sur l’expertise et les propositions de divers mouvements tels que le Secours Catholique ou le CCFD. Veiller par exemple à associer les prêtres étrangers et les paroissiens venus de l’étranger aux initiatives prises par le diocèse en matière de conversion écologique, ou encore travailler les questions d’écologie intégrale dans le cadre des jumelages interdiocésains.

COMMENTAIRE E&E : bien du courage à tous ! Peut être que les évêques pourraient d’abord redire ensemble leur confiance en ces organismes ? Car il reste bien des a priori et des obstructions au travail du CCFD dans bien des diocèses et des paroisses… Tiermondiste, communiste, syncrétiste… Ils ont tout entendu au CCFD depuis des années…

43) Maintenir un poste « écologie intégrale » dans les services nationaux de la CEF, et avoir dans chaque diocèse un référent à l’écologie intégrale, avec lettre de mission, entouré d’une équipe et positionné en transversalité avec les services diocésains.

44) Mutualiser les ressources et les outils ; mettre en place à l’échelle nationale une banque de données et un site web.

COMMENTAIRE E&E : ouf, on espère qu’il restera quelqu’un aux commandes et quelques ressources pour le faire !! Et qui va décider cela ?


CONCLUSIONS

Ce texte a le mérite d’exister et il témoigne du travail qui a été fait, rassemblant sans aucun doute un certain nombre d’idées et de propositions exprimées lors des rencontres évêques-laïcs délégués à Lourdes depuis trois ans.

Mais diffuser un texte aussi mal écrit, aussi brouillon, perdant le lecteur en route à plusieurs reprises, sans jamais nommer les leviers des processus pour qu’ils ne puissent pas retourner en arrière, est un signe de grande fébrilité. Et pour le dire plus clairement : on est à la limite d’un manque de respect flagrant pour tous ceux qui depuis huit ans (et certains depuis beaucoup plus longtemps) ont travaillé ces questions, sans moyens, avec peu de reconnaissances.

Laisser croire que ce processus se fera tout seul, alors que dans bien des diocèses il y a une volonté claire à ne pas le laisser se développer, est vraiment limite.

Bien sûr, le texte à l’avantage d’ouvrir des portes (dont beaucoup l’ont déjà été dans les documents précédents de la CEF il y plus de deux décennies…). Mais ouvrir une porte ne suffit pas. Il faut encore se donner les moyens de la franchir ensemble. Sinon, on ne crée que des courant d’air.

Et beaucoup de frustration.

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Christian Toullec dit :

    Pour une fois qu’un texte de l’Eglise ne vient pas d’en-haut, mais résulte du travail des référents à l’écologie intégrale, c’est-à-dire des personnes engagées concrètement pour l’écologie dans les diocèses, vous le taillez en pièces avec beaucoup de mépris.
    Vous passez beaucoup de temps à critiquer les défauts de la forme, qui résultent justement de l’écriture collective.
    Vos articles sont souvent encourageants et positifs. Celui-ci se nourrit de votre ressentiment à l’égard des évêques mais il est surtout décourageant pour ceux qui ont participé pendant trois ans au travail effectué lors des assemblées plenières.

  2. dlang dit :

    Merci Christian. Bien vu votre remarque. J’avoue une confusion : en cherchant le texte des évêques publié ce même jour, j’ai crui que ces 40 recommandations en faisait office ! Le site de la CEF n’était pas très clair à cet égard. Mon ressentiment vient de cette confusion. Désolé pour le ton acide. Il n’est pas méprisant pour le travail de terrain qui a été fait et que je soutiens et encourage depuis longtemps. Mais il part d’un constat : pas mal de ces recommandations étaient déjà présentes dans les textes vieux de 10 ou 20 ans… sans mise en oeuvre particulière depuis. La force de cette liste à la Prévert est de montrer l’envie et l’engagement de nombreux groupes, dont Eglise verte. Son défaut est de noyer le poisson : tant que les évêques ne donneront pas un ton et un souffle dans leur diocèse sur ces questions, les délégués locaux pourront se démener autant qu’ils veulent, ils passeront un temps fou à tracer un chemin dans un paysage qui ne les attend pas. Merci pour votre engagement et je continuerai bien sur à le soutenir ! !! Courage !!!

  3. chenebeau dit :

    Je ne me reconnais pas dans ce texte. La sensibilisation aux problèmes environnementaux est un long cheminement. Je ne sens pas les catholiques et spécialement sa hiérarchie très motivée. Au lieux de parler d’écologie intégrale que peu de personnes connaisse, il vaut mieux parler du changement de nos mode de vie. Un exemple : la profusion de gerbes de fleurs lors des funérailles. Ces fleurs proviennent surtout en hivers du Kenya, ou d’autres pays lointain, je n’ai jamais entendu dire que c’était un gâchis écologique ?

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