CONTEMPLATION – Et au milieu coulent tant de rivières

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Capture d’écran 2019-11-04 à 18.51.20 De la rencontre entre le F. Gilles, moins de l’abbaye de Landévennec et Aïcha Dupoy de Guitard, photographe, a jailli un beau livre poétique et contemplatif à l’école des eaux vives de notre terre.

Moine à l’abbaye de Landévennec, Gilles Baudry est aussi poète de l’intime. Publié depuis 40 ans et en plusieurs langues, il a notamment reçu le prix Antonin-Artaud pour son recueil Il a neigé tant de silence. Aïcha Dupoy de Guitard, elle, fait de la photographie pour le plaisir et expose régulièrement ses travaux dans le coin, comme au conservatoire botanique ou à la médiathèque des Capucins, à Brest, en presqu’île de Crozon ou dans les Monts d’Arrée. Malgré leurs univers que tout semble opposer, ces deux voisins se connaissent bien et partagent un intérêt commun pour la nature qui les entoure. Ensemble, ils signent Eaux intérieures. Un ouvrage de 144 pages qui marient cent quinze de ses photographies à elle, prises ces trois dernières années, et douze de ses poèmes à lui, entre éveil des consciences et contemplation. « Pour moi, la nature, c’est le 5e évangile, s’amuse le bénédictin. Ça me parle d’autant plus depuis l’encyclique Laudato Si  du pape François, et le synode lancé sur l’Amazonie. »

Un premier livre collaboratif, Matins des arbres, était sorti en 2017. (…) Dans un style et une présentation épurés (sans filtres ni traitement), ils réitèrent l’exercice et disent leur amour pour cette nature fragile. À leur manière, ils militent pour ce qu’ils envisagent comme une très prochaine « bataille de l’eau » généralisée. « On parle du pétrole… mais c’est de l’eau dont il faut s’inquiéter !, martèle le religieux. Ce sont les arbres et l’eau qui pourront sauver la planète. Sans cela, de toute façon, on va dans le mur… » Eaux intérieures sort à l’occasion des 50 ans Eau et rivières de Bretagne, qui soutient la parution. Contactée par Aïcha, l’association « cherchait à remettre en avant le caractère sacré de l’eau… pas pour l’aspect religieux mais pour ce qui parle d’universalité », explique-t-elle. Et la jeune femme de citer l’exemple inspirant de la Nouvelle Zélande qui, en 2017, a accordé le statut de « personne juridique » au fleuve Whanganui qui coule sur 290 km dans l’île du nord. Landévennec, Trégarvan, Monts d’Arrée, Huelgoat, Trégor, vallée de l’Ellé… Pendant trois années, Aïcha a parcouru la Bretagne intérieure au fil des saisons. Se laissant porter par ce qu’elle voit et ce qui la touche, elle capte les lumières et les couleurs de l’onde. La faune et la flore qui y vivent, aussi. « On parle beaucoup des océans et c’est très bien, glisse dans un sourire la photographe. Mais il faut peut-être aussi remonter à la source, à ce petit filet d’eau qui coule entre deux champs… » « Suivre la source, remonter l’eau, c’est aussi regarder en soi », complète frère Gilles, qui apprécie chez Aïcha « son approche organique des éléments ». Leur rencontre remonte à quelques années, dans un sous-bois de la forêt de Landévennec. « On s’est dit bonjour sans savoir qui on était. Je me promenais et j’ai croisé une belle cavalière… », rigole Gille Baudry. C’est ensuite une amie commune, « persuadée qu’ils vont bien s’entendre », qui les fait échanger. « Ici, ce ne sont pas les dates mais les saisons qui comptent et qui nous parlent », répondent à l’unisson les cosignataires du livre. Celle qui faisait de la peinture à l’huile son métier a quitté son Sud-Ouest natal pour « la puissance des éléments du Finistère ». Lui, originaire de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Atlantique), a eu un « choc » en arrivant à l’abbaye pour la première fois… à vélo. Difficile de savoir quand, ils disent habiter ici « depuis toujours ».

 

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